De la 4CV à la Clio, quelles ont été les reines du marché français ?
Qu’est ce qu’une populaire ? C’est un vaste débat mais si on prend comme critère une auto peu chère, à son époque, et largement diffusée. Du coup, on peut assurer sans trop se tromper que les autos les plus vendues en France sont assurément populaires. On a jeté un coup d’oeil à ce palmarès qui liste les reines de la collection… avec quelques surprises.
Citroën puis Renault
Les premières données sur le nombre d’autos vendues en France datent de 1947. Et cette année-là, comme la suivante, c’est la Citroën Traction qui est en tête des ventes. C’est d’ailleurs assez logique : Peugeot, Renault et Simca ne sortent que des autos conçues avant-guerre et ont du mal à produire les nouvelles autos présentées (4CV, 203, etc).
Seulement la marque au chevron ne va pas tenir longtemps cette première place. La deuche n’y change rien et à partir de 1949 c’est une auto plus “grosse” mais vraiment populaire par son prix et sa diffusion qui va prendre la première place des ventes : la Renault 4CV. Elle ne manque pas d’atouts, c’est vrai et va rester en tête jusqu’en 1955.
En effet, en 1956 Renault a deux modèles qui se font concurrence. La Reine 4cv a vu débarquer la Dauphine, dont le nom exprime d’ailleurs qu’elle doit être juste derrière elle dans le classement des ventes. Seulement la dernière venue est tellement réussie qu’elle grignote des parts de marché. Et comme elle est encore en phase de lancement, c’est la Simca Aronde qui s’empare de la première place des ventes en 1956.
Cependant, dès 1957, la RNUR va reprendre la tête et dépasse pour la première fois les 100.000 ventes annuelles. La Dauphine s’y impose jusqu’en 1961. En 1962, ce n’est pas sa remplaçante, la Renault 8, qui s’installe en tête, mais celle qui remplace la 4cv : la Renault 4.
Citroën en tête… pour une différence de calcul
Voiture la plus vendue en France en 1962, 1963, 1964 et 1965, la “quatrelle” perd sa place en 1966. C’est la Citroën Ami 6 qui s’invite sur la plus haute marche du podium mais c’est une victoire en trompe l’œil. En fait, la Renault 4 propose différentes versions dont les puissances fiscales sont de 4 et 5 chevaux. Et en 1966 la comptabilisation des ventes sépare ces deux Renault 4, offrant la première place à la Citroën !
Peugeot et Simca s’invitent
En 1969 c’est une nouvelle venue qui s’empare de la tête des ventes. Moderne, bien dessinée et avec une vraie gamme, la Peugeot 204 a mis 5 ans à monter en puissance. Et puis elle bénéficie aussi de l’éclatement de la gamme Renault qui vend des R4, R8 et R12 qui peuvent toutes s’opposer à la “baby” Peugeot.
La 204 va garder la tête jusqu’en 1971. L’année suivante c’est Simca qui fait son retour. Là encore on propose une auto moderne qui a mis 3 ans à atteindre son plein régime : la 1100. Si elle se retrouve là, ce n’est pas par hasard. Traction, hayon, bonne habitabilité, elle reprend la recette gagnante. Pour autant, elle ne garde la tête qu’une année, d’ailleurs, on vous spoile un peu mais c’est la dernière auto qui ne soit ni une Renault ni une Peugeot à s’établir en tête des ventes. La Renault 12 la détrônera en effet dès 1973.
L’archi best-seller : la R5
En 1972 c’est Renault qui a sorti sa voiture populaire ultime : la Renault 5. Trois places, des petits moteurs, différentes versions plus ou moins équipées, c’est également une traction à hayon. Il ne lui faut que deux ans pour faire oublier ses concurrentes… et ce n’est qu’un début.
La Renault va recevoir de constantes évolutions et des nouvelles versions (5 portes en 1979) qui vont la rendre indétrônable. Elle reste en tête des ventes pendant 10 années consécutives ! Forcément elle vieillit un peu et cette première place ne peut être éternelle.
Peugeot fait son retour, Renault ne renonce pas
En 1984 cependant c’est bien une Peugeot qui reprend la tête. La marque s’est développée “vers le bas” et la 205 doit sauver le groupe PSA tout entier. Elle réussit bien, la populaire au lion se place en tête des ventes pendant deux années.
Cependant Renault réagit à cette arrivée. La Renault 5 est modifiée et modernisée : place à la Supercinq qui en reprend la forme, la recette et même les moteurs. Sortie en 1984 elle est en tête des ventes dès 1986 et le reste jusqu’en 1989. À ce moment, et malgré la phase II de l’auto, c’est la Peugeot 205 qui reprend la tête… pour vite la perdre.
Renault a en effet décidé de lancer une auto plus moderne : la Clio. Apparue à la fin 1990, c’est elle qui se classe en tête des ventes en 1991 et ne quittera cette place qu’en 1998 pour y être remplacée… par la Clio II !
La suite appartient aux modernes. Et une fois de plus le match oppose les Clio X aux Peugeot20X.
Une anomalie ? Où qu’elle est la deuche ?
Quand on parle de française populaire, outre toutes celles qu’on a cité, on pense évidemment à la deuche. Pour autant, elle n’est pas dans cet article. Elle n’a jamais atteint la tête des ventes ! En fait, seule celle qui devait la remplacer aura été en tête des ventes, l’Ami.
Pour autant, la Citroën 2CV s’est classée pour la première fois sur le podium en 1956 (deuxième place) et elle va y apparaître souvent. Elle est troisième en 1957 et 1958, année où elle passe la barre des 100.000 pour la première fois. Elle reste ensuite sur le podium jusqu’en 1962 (4e) et y retourne même en 1966, malgré l’émergence de l’Ami. Par la suite l’Ami prendra le dessus et l’apparition des 2CV6 relancera les ventes, entraînera la disparition, à terme, des Ami, mais n’installe plus la vénérable deuche sur le podium des ventes.