Renault 4L. 60 ans d’histoire et d’anecdotes
La Renault R4 a 60 ans ! Pour célébrer cet anniversaire, Renault a réuni au sein de son usine de Flins une vingtaine de modèles. L’argus a poussé les portes de ce hangar et vous invite à découvrir cette exposition (et l’histoire du modèle) en compagnie d’Hugues Portron, le directeur de Renault Classic.
La voiture blue jean
C’est dans un hangar, derrière une lourde porte métallique, que sont réunis pas moins de vingt véhicules d’âges et d’horizons variés. Dès notre arrivée, nous sommes accueillis par une maquette aux proportions que notre hôte qualifie de « pataudes ».
C’est le projet « 350 », lancé en 1958 par Pierre Dreyfus. Le patron de la régie Renault, témoin des nombreuses transformations de la société française, veut remplacer la 4CV par un modèle plus polyvalent, aussi à l’aise en ville qu’à la campagne, à l’image de la Citroën 2CV
Populaire et accessible
. Les ingénieurs ont donc pour mission de plancher sur une voiture passe-partout, inusable et pas chère. Ce nouveau concept automobile est alors comparé à un vêtement populaire : le jean !
À ses débuts, en 1961, la citadine se présente dans le plus simple appareil : sans éléments chromés ou vitre de custode. L’objectif est de l’afficher au prix le plus bas : « 350 000 francs et pas un sou de plus » (environ 5 600 euros selon le convertisseur de l’INSEE). Cette R3 fait équipe avec des versions plus huppées : Renault R4 et surtout R4L. C’est la première fois que Renault utilise une dénomination avec des numéros. En 1965, simultanément au lancement de la Renault 16, le constructeur revoit sa nomenclature. La R4 est renommée Renault 4, mais la mémoire collective va finalement ne retenir que le nom d’une finition, 4L, qui n’est autre que la version la plus populaire et surtout la plus chic avec ses six glaces et son moteur de 747 cm3.
Des innovations en nombre
Le modèle au losange va intégrer plusieurs caractéristiques innovantes pour une citadine Renault :
- c’est une traction ;
- elle reçoit quatre suspensions indépendantes pour s’affranchir plus facilement des chemins de terre ;
- c’est la fin des points de graissage ;
- un circuit scellé de refroidissement avec vase d’expansion met un terme aux risques de surchauffe ;
- un hayon facilite l’accès au coffre ;
- le plancher plat permet de charger des objets longs ;
- la banquette arrière est amovible…
Des éditions spéciales en série
La Renault 4 va remporter un franc succès car « ce n’est la voiture de personne puisqu’elle est celle de tous ». Outre la fameuse berline, une fourgonnette vient grossir les rangs. De nombreuses sociétés (Darty notamment) et administrations (La Poste, Gendarmerie, DDE, Pompiers…) en feront leur allié. Pour dynamiser le modèle, dont la carrière a duré trente ans, le constructeur au losange a également lancé des déclinaisons originales (Plein Air ou 4 x 4) et de nombreuses séries spéciales. Avec cette citadine facile à conduire, Renault veut séduire un public jeune et féminin. Il lance d’ailleurs une série « La Parisienne » et une autre baptisée « Haute Couture », dont Sheila devient la marraine. Le modèle se reconnaît facilement à son motif cannage (ou tartan) sur les portières. Des versions Jogging (avec double toit ouvrant), Sixties, Carte Jeune, Safari ou Bye-Bye viendront également ponctuer la carrière de ce modèle écoulé à plus de 8 millions d’exemplaires dans une centaine de pays.
Un rayonnement à l’international grâce au sport automobile
Mais la 4L a aussi brillé grâce au sport automobile. « Elle n’était absolument pas développée pour cela », assure pourtant Hugues Portron. Cette notoriété, elle l’a acquise grâce aux « Renards du désert », les frères Marreau, qui se sont illustrés sur le Dakar. En 1979 ils atteignent le top 5, et en 1980 ils montent sur la troisième marche du podium au classement général avec cette Renault 4 bidouillée de leurs mains. Preuve de sa robustesse, le modèle se frotte aujourd’hui encore aux pistes du désert aux mains des centaines de participants du 4L Trophy, un raid humanitaire étudiant d’envergure (plus de 1 000 équipages).
Un modèle collector et facile à réparer
Envie de vous offrir une 4L ? Ouvrez l’œil ! Tous les modèles sur le marché de la collection ne se valent pas puisque bon nombre ont été trafiqués pour participer au challenge étudiant. L’avantage de la Renault 4, c’est que c’est un modèle facile à entretenir et que plein de pièces existent encore sur le marché pour pouvoir la réparer. « Il faut toutefois prêter attention au train arrière, qui peut avoir quelques faiblesses », conseille Hugues Portron. Sachez que le châssis du modèle est désormais refabriqué et que cette solution technique peut rassurer les plus craintifs. Sur le marché de la collection, nous ne parlerons pas de fourchette de prix, mais plutôt de râteau, du fait de la très grande amplitude tarifaire observée. Comptez en effet 5 000 euros pour une version de base en bon état et jusqu’à 10 000 euros environ pour les déclinaisons les plus exclusives, type Plein Air.